Julian Huntington {U.C

L'obscurité s'était emparé de la pièce, seule une lueur faible se dégageait de la baguette d'une silhouette floue, paresseusement affalé sur un fauteuil. La lumière n'éclairait qu'une petite partie du mur face à la silhouette, une vieille pendule indiquait vingt-trois heures quinze. „Encore en retard“, voici les uniques sons qui traversèrent les lèvres de l'homme. Car c'était un homme. Sa voix grave ne trahissait personne et surtout pas Alexander s'il avait été à l'heure. Le même silence sinistre remplis la salle quelques secondes plus tard. Il ne fut rompu qu'après plusieurs heures. Une musique bruyante, un freinage d'urgence suivit d'éclats de rires. La silhouette se redressa et contempla le mur, attendant patiemment que son invité daigne se montrer.

ALEX: „Appel moi demain, j'ai un plan d'enfer en vue... J'te promet ça vaut le coup !“

Une main se resserra autour de l'accoudoir. Il prenait son temps qui plus est... C'était définitif, il n'avait plus la moindre idée de ce qui l'avait poussé à lui donner rendez-vous. Il était et resterait toujours le même. Un petit imbécile égocentrique et sans le moindre respect. Une lumière aveuglante emplis le living room. Les yeux d'Alex se posèrent immédiatement sur le regard accusateur de son jeune frère.

JULIAN: „Tu es en retard...“
ALEX: „Tu fais bien sérieux là. Mais surtout un peu peur... [rires]C'est assez cynique comme ambiance. Qu'es ce que t'avais prévu exactement ?! Me foutre les chtons ?“
JULIAN: „Tu es saoul.“
ALEX: „Wahou et observateur avec ça...plus sérieux Me fait pas la morale petit frère, ce n'est pas ton rôle.“
JULIAN : [silence]
ALEX: „Alors petit frère, que voulais-tu de moi ? De l'argent de poche ou juste ma version de ma dispute avec le paternel ?!“
JULIAN : „ Je ne te trouve pas drôle.“
ALEX: „Ça tombe bien, tu ne l'es pas non plus.“

Un reproche, un regard, le silence. C'était toujours ainsi. Les rapports fraternels étaient les même dans toutes les maisons, n'est-ce pas ?

JULIAN : „J'suis pas d'humeur à supporter tes sarcasmes. Dis moi juste ou je peux joindre papa et combien exactement t'as dilapidé depuis son départ ?!“
ALEX: se servant à boire „Tu m'es bien désagréable petit frère... Tu te doute bien que notre très cher père n'a pas eu le loisir de me communiquer ses coordonnées après notre altercation. Quant à mes dépenses, j'ai bien peur que se ne soit une affaire top secrète.“
JULIAN : frustré „Très bien. Je monte.“
ALEX: „Bienvenue à la maison, petit frère“ trinque dans le vide.

Un bruit sourd se fit entendre. La porte du premier étage venait de claquer. Julian s'effondra sur son lit après avoir donné un gros coup dans l'armoire. Sa valise n'était même pas défaite et sa chambre dans le même état que quand il l'avait quitté quatre mois auparavant, pour la rentrée scolaire. Après quelques instants dans le noir, Julian entreprit, comme après chaque dispute avec Alex', de retrouver les bons souvenirs, ce qui les avaient un jour unis. Pour une raison qu'il ignorait, il retrouvait la patience et le courage de l'affronter à nouveau, une fois son rituel accomplit. Il tapota le mur au dessus de la table de nuit avec sa baguette magique et une petite pensine s'avança dans le noir.

Un autre filmant troubillionna dans la pensine, une fois de plus Julian se pencha en avant pour lire son prochain souvenir... La première image nette qu'il perçut fut le blouson rouge qu'Alex portait à chaque entraînement pendant les vacances. Julian prenait la place du gardien de but pendant qu'Alex se maintenait en forme, pour un jour prendre le relais et devenir capitaine de Poufsouffle. Son frère avait toujours été ambitieux, tout comme Julian, cependant leurs efforts n'étaient pas diriger dans les mêmes secteurs. Julian se désintéressait des cours et du quidditch pour ne se consacrer qu'à la musique et à sa lecture personnelle tandis que son frère voulait briller, briller au dessus des autres et sur de haut podiums. Jeune déjà, il voulait détenir le monopole de l'attention, puis petit à petit le prestige et la reconnaissance. Julian, lui ne comprenait pas encore les luxes du pouvoir et évitait tout ce qui pouvait le propulser sur le devant de la scène. Aucunement timide, mais plutôt réservé et sur la défensive, il n'aimait pas partager l'image qu'il avait de lui-même. C'est pourquoi le rôle du blasé dans l'ombre lui plaisait tant. De plus, chaque rentrée était pour lui une véritable déchirure puisqu'il laissait sa maternelle à son triste sort. Sans vie, la jeune femme ne faisait que guetter le retour des hommes de la maison. Lors de son entrée à Poudlard, Lily n'était plus que l'ombre d'elle-même. Puis sombrait petit à petit, étant privé de son élément naturel : le danger, l'art. A présent elle devait se montrer digne d'une vie saine et rangée. Julian avait toujours porter grande attention à sa mère, c'est pourquoi les instants de complicité avec son frère avaient été bien rare durant leur enfance.
Plongé dans ses songes, comme toujours, et nullement attentif au ballon, le jeune garçon le reçut en pleine de la figure. Il chuta de son balais et s'écrasa sur le sol.

ALEX : „Juuuuliiian ?!?! Tu t'es fais mal ? S'il te plais réponds moi !“

Julian adulte observait la scène appuyé contre un vieux pommier, au fond du jardin. Il avait vu et revu cet épisode des centaine de fois, mais malgré tout, les mêmes émotions l'émaillaient de lui comme à chaque fois. D'abord dégoûté du sang qui se déversait de sa propre bouche, puis séduit par la brutalité d'atterrissage d'Alex qui soulignait son inquiétude, et enfin touché par l'affection et le désir de protection de celui-ci, à son égard. Le petit Julian avait beau lui répéter que ce n'était rien, qu'il était prêt à remonter sur son balais à la seconde, Alex hurlait à plein poumons pour avertir Lily, cumulant tous ses efforts pour porter son petit frère jusqu'à la maison. Lorsqu'il surpris Alexander tentant du lui surélever les jambes, Julian se mit à rire. Il avait oublié ce passage...Mais son hilarité se stoppa net lorsque sa mère fit ses premiers pas dans le jardin. Même sans maquillage et en robe de chambre, elle avait cette lueur dans les yeux, cette fraîcheur qui la rendait belle et semblable à un ange. Depuis sa mort, il n'avait vu la même lueur que dans de grands yeux bleus identiques aux siens mais qui appartenaient à une autre silhouette, celle d'une autre Lily. On pouvait apercevoir la jeune femme se diriger vers son petit, le visage déformé par la peur. Le sang de Julian se mêlait à la couleur pourpre de la robe de chambre de Lily et à ses longs cheveux ébène. A présent son nez saignait lui aussi, et sans qu'il n'y comprenne quoi que se soit le Julian adulte se fit projeter une année plus tard, au pire souvenir de son existence.

Il arrivait que certains souvenir se mélangent lorsqu'il se rappelait d'un autre évènement se rapportant à celui observé. A présent, les deux petits garçons suivant de leur père, poussaient la porte d'entrée et pénétraient dans le living room. Julian se remémorait cette époque. La frustration qu'il avait d'aller en cours en sachant l'état dans lequel se trouvait sa mère, le dégoût qu'il ressentait pour son frère de ne porter aucune attention aux lettres de la jeune femme, l'angoisse qu'elle ne remonte la pente sans lui à ses côtés et la hantise de l'imaginer seule dans son lit le soir. Lily avait fait une dépression peu de temps après la rentrée et les deux enfants n'avaient pu s'arracher à Poudlard. Habituellement, seul Julian revenait pour les vacances de noël, Alex étant trop „occupé“ à l'école, mais cette année là le jeune homme l'avait convaincu de passer au moins les fêtes avec leur mère. Dan avait alors réservé une surprise pour Lily en ramenant les deux enfants de la gare.

JULIAN : „Papa, mais où est maman ?“
DAN : „Je ne sais pas mon chéri, elle peint peut-être dans le garage... .“ S'éloignant vers la cuisine
ALEX : „Il raconte n'importe quoi...Elle dit toujours qu'elle a perdu son talent quand elle nous a eu.“
JULIAN : „Ben... peut-être qu'elle s'y est remis ! La galerie aura de nouveau plein de tableaux à exposer !“
ALEX :„Mais t'es bête ou quoi ? Maman nous a dis des centaines de fois que son talent elle nous l'avait sans doute donné ! Que maintenant elle pouvait plus s'en servir pour gagner de l'argent ! En plus elle était malade ces temps, je sais vraiment pas comment elle aurait pu recommencer à peindre.“
JULIAN : „Mais je dis simplement que...“
ALEX : „Ouai c'est bien ce que je te reproche, tu sais pas c'que tu dis ! T'es trop petit et bête pour comprendre quoi que se soit de toute façon !“
JULIAN : en colère „Si c'est comme ça je ne te parle plus !“
ALEX : désinvolte „Je m'en fiche ! T'es qu'un bébé !“

Le Julian tapis dans l'ombre, était installé sur le même fauteuil que quelques instants auparavant, cependant une toute autre ambiance régnait dans la pièce à cet instant. Lorsqu'il eut écho des dernières paroles qui sortirent des lèvres de son frère, des larmes coulèrent de chaque côtés de ses joues. Alex avait toujours eu le don de taper fort là où il pouvait faire le plus de dégâts, cependant cette fois Julian n'eut pas le loisir de s'arrêter sur les insultes de son frère qui avaient plus de quatre ans. Non, à vrai dire il scrutait le moment ou son „clone“ enfant grimperait les escaliers. Il n'avait pas la moindre envie de le suivre, car contrairement à la première fois, il savait ce qui l'attendait à l'étage. Il était pleinement conscient que ce qu'allait voir ce petit garçon allait détruire sa vie, et il aurait voulu avoir la possibilité de l'empêcher d'atteindre l'étage suivant mais il n'en avait pas le pouvoir. Toutefois, le jeune homme se surpris à ignorer sa conscience, et poursuivit sa „réplique“. Sa gorge s'assécha, la douleur et la peine emplis ses poumons comme un gaz toxique et étouffa le moindre marque de vie. Jamais il n'avait souhaité se rappeler cette scène. Le géhenne qui avait suivit ces instants, s'étaient perpétuer si souvent dans ses cauchemars qu'il n'avait tenu à revoir les images du supplice que lui infligeait ce tourment. Pourtant à cet instant, l'adulte redevenait un enfant. Il était curieux, curieux de découvrir les traits de son propre visage, l'image de sa propre souffrance, de sa peur. Il sentit son coeur s'accélérer dans sa poitrine et sa respiration se saccader, lorsqu'il vit le gamin ouvrir à la volée toutes les portes de l'étage. Et enfin jusqu'à ce qu'il prenne le temps de frapper sur celle de la salle de bain.

JULIAN : „Maman ? Tu es là ? Maman on est revenu !! Maman, je peux entrer ? Tu es là-dedans ?“
La porte s'ouvrit, son coeur bascula et celui de l'enfant s'arracha, suivit d'un hurlement qu'on associerait d'ordinaire à celui d'une bête. L'enfant pénétra dans la pièce, puis entreprit de sauver une vie. Une vie qui avait déjà été prise.
Elle était là. Étendue dans la baignoire remplis d'eau de couleur pourpre, comme la robe de chambre qu'elle portait lorsqu'elle l'avait lavé de son sang une année auparavant. Toutefois, cette fois-ci, c'était son propre sang qui donnait sa couleur à l'eau. Ses longs cheveux flottaient à la surface, et sa main droite pendait négligemment sur le côté, le sang avait séché sur son bras droit. Inerte, la jeune femme semblait dormir, dormir dans une marre de sang, d'où un enfant de douze ans tentait à l'en sortir.
De chaudes larmes coulaient à nouveau de ses yeux, pendant ce temps le gamin hurlait à gorge déployée et mettait tout l'acharnement qu'il pouvait à tirer sa mère hors de l'eau, sans succès. Entre les pleurs et les cris, le jeune garçon perdait le peu de force qu'il lui restait. Quelque chose s'était cassé en lui, comme si un produit toxique se répandait dans ses veines à mesure qu'il respirait, comme si son propre souffle tenait de l'étouffer, jamais il ne se sentit délivrée de ce sentiment. Car jamais plus il ne reverrait la lueur dans ses yeux.

Cette douleur s'était endurcit de jour en jour et puis au fil du temps, s'était transformer en haine. En haine profonde, du monde, pour commencer, qui n'avait plus aucun sens sans Lily, puis de sa famille qui n'avait jamais porter attention au mal-être de sa mère, puis enfin contre Lily, elle-même, qui avait oser l'abandonner, l'abandonner à ce monde dans lequel elle n'avait pas voulu vivre.